Manifesto
Vision artistique et parcours
Origine du nom "Tâches d'encre"
Le choix de ce nom repose sur une double signification des mots "tâche" et "encre". La "tâche", dans son aspect imprévisible, évoque une forme de spontanéité et de vie. Elle existe par son caractère accidentel, presque organique. C’est cette dimension aléatoire qui lui confère sa singularité.
Dans le processus de création visuelle, chaque image débute par une tâche : un premier geste, une trace initiale qui oriente les suivantes. C’est par l’accumulation de ces marques que se dessine un chemin, une intention.
Quant à l’encre, elle symbolise la matière première de l’expression. Elle peut être diluée, transformée, ou même abandonnée à l’eau ou à la mer. Elle incarne à la fois le potentiel et l’éphémère.
Références artistiques et démarche personnelle
Il m’arrive que l’on m’associe à des artistes tels que Tracey Emin pour la sensibilité du trait, Araki Nobuyoshi pour son esprit libre et décalé, Richard Kern ou Napoléon Habeica pour leur quête de portraits, ou encore Larry Clark pour son approche cinématographique underground. Pourtant, ces artistes ne constituent pas mes sources d’inspiration directes : je les découvre souvent par le biais de personnes qui, après avoir vu mon travail, m’en parlent.
Il existe différentes manières d’approcher l’art : certains fréquentent les musées et les concerts pour découvrir des œuvres et des artistes ; d’autres, comme moi, passent leur temps à créer — à dessiner, à jouer, à expérimenter. Ma culture artistique contemporaine n’est pas encyclopédique. Elle s’est construite au fil des rencontres, notamment en résidence d’art, mais reste limitée aux artistes que j’ai croisés personnellement.
Mon objectif n’est pas de m’inspirer d’autres artistes, mais de m’exprimer. Ce qui compte, c’est que les amateurs d’art et les artistes puissent se rencontrer, se reconnaître, et dialoguer — chacun de son côté du miroir.
Inspiration et vision artistique
Mon inspiration puise ses racines dans la nature et dans la vie elle-même — dans la sensualité, la spiritualité, et l’énergie qui relie les êtres. Mon parcours est éclectique : des études en sciences physiques, une formation en école d’art, des échanges avec des musiciens, des relations intimes, une éducation singulière. Ce sont ces expériences, ces rencontres, qui façonnent mon expression artistique.
Je crois que nous sommes des êtres sensoriels et énergétiques, chacun avec une sensibilité propre. L’énergie circule entre nous, et elle peut être transmise par le geste, le contact, l’art. Un massage, par exemple, est une forme de transmission énergétique. Dans les pratiques artistiques intimes comme le bodypainting ou le shibari, cette énergie se manifeste à travers l’émotion.
Le bodypainting, en particulier, est un rituel ancestral de transformation. Depuis des millénaires, il permet aux êtres humains de se rapprocher des forces naturelles ou divines, en incarnant une forme de spiritualité corporelle.
L’érotisme, dans sa dimension intime, est peut-être l’un des langages artistiques les plus puissants pour explorer notre identité profonde. Il nous invite à mieux nous connaître, à ressentir, à nous connecter.
L'importance des expositions et des résidences artistiques internationales
Les expositions et les résidences d’art à l’international jouent un rôle essentiel dans le parcours d’un artiste. Elles offrent l’opportunité de rencontrer des créateurs venus d’autres horizons — qu’ils soient professionnels ou amateurs — et de confronter des visions artistiques variées.
Les résidences, en particulier, sont conçues pour placer l’artiste dans des contextes singuliers, parfois extrêmes, tout en favorisant un environnement propice à la réflexion. Qu’il s’agisse d’un isolement au cœur des tempêtes de neige en Islande ou d’un séjour dans des grottes surplombant les falaises espagnoles, ces lieux invitent à une profonde introspection, tout en encourageant la vie en communauté.
Ces expériences permettent un échange informel mais enrichissant, où les opinions circulent librement. Elles offrent à chacun la possibilité de se découvrir autrement, de mesurer sa sensibilité, sa force mentale, et de se confronter à la critique — selon les multiples façons dont une œuvre peut être perçue et interprétée.
Impact personnel
Sur le plan personnel, ces séjours ont été des catalyseurs de transformation. Ils m’ont permis de me reconnecter à ma propre énergie créative, de sortir de mes repères habituels et d’explorer des zones de vulnérabilité et de puissance intérieure. L’isolement, souvent volontaire, m’a offert un espace pour écouter, ressentir, et créer sans filtre. Par contre, l'isolement volontaire pendant le COVID 2019 m'a permis d'explorer le coté sombre de la nature humaine.
La confrontation à d’autres cultures, à d’autres sensibilités, m’a enrichi humainement autant qu’artistiquement. Ces moments de partage, parfois silencieux, parfois intenses, ont renforcé ma compréhension du lien entre l’art et l’humain. Ils m’ont appris que la création n’est pas seulement une production visuelle, mais une manière d’habiter le monde, de dialoguer avec soi et avec les autres.